Riazan (Russie) : L’anarchiste Ruslan Sidiki condamné à 29 ans

Avtonom / samedi 24 mai 2025

L’anarchiste Ruslan Sidiki condamné à 29 ans de détention dans une colonie pénitentiaire de sécurité maximale

Comme rapporté par un correspondant de Mediazona depuis la salle de tribunal, hier, le 23 mai, le juge Oleg Shishov du Deuxième tribunal militaire du District ouest, lors d’une audience hors site au tribunal militaire de la garnison de Riazan, a condamné Ruslan Sidiki, de 37 ans, à 29 ans de détention dans une colonie pénitentiaire de haute sécurité.

Sidiki purgera les neuf premières années en prison, ensuite il sera transféré dans une colonie à régime strict. La peine totale est le résultat du cumul des accusations en vertu de cinq articles du Code pénal. Sidiki a aussi été condamné à une amende de 2 millions de roubles (21 500 euros).

La cour a aussi validé les poursuites civiles intentées par les victimes :
– Alexander Bogatyrev, un chauffeur de camion qui est passé sur l’un des drones abandonnés par Sidiki, recevra 250 000 roubles (2 690 euros).
– Dmitry Unshakov, un technicien des chemins de fer dont le train a déraillé après une explosion, recevra 300 000 roubles (3 230 euros).
– Sergey Tarabukin, l’assistant technicien, recevra 350 000 roubles (3 760 euros).

Les compensations supplémentaires ordonnées :
– aux chemins de fer russes (RZhD) : 3,6 millions de roubles (38 700 euros).
– À Rosagrotrans : 13,2 millions de roubles (141 900 euros).
– À une entreprise d’engrais dont la cargaison se trouvait sur le train déraillé : 38,1 millions de roubles (410 000 euros).

Dans sa déclaration finale, Sidiki a une fois de plus affirmé qu’il avait été torturé après son arrestation et il a précisé que son but était de mettre hors d’usage l’infrastructure militaire russe.
Le procureur Boris Matorin a requis une condamnation à trente ans, dans une colonie à régime strict.
Le procureur a accusé Sidiki d’avoir orchestré une explosion contre un train et une attaque contre un aérodrome militaire [voir ici ; NdAtt.] près de Riazan, supposément pour le compte des services de renseignement ukrainiens – des accusations que Sidiki n’a pas niées. Néanmoins, le procureur a aussi prétendu qu’il était allé en Turquie et en Lettonie pour un entraînement terroriste et qu’il préparait une troisième attaque. Sidiki a nié cela, en disant qu’il n’avait rien appris de nouveau lors de ses rencontres en Turquie et en Lettonie et qu’il n’avait pas pas programmé d’autres explosions, à cause de la dépression provoquée par le décès de sa grand-mère.

 

Les arguments de la défense

L’avocat, Igor Popovsky, a demandé à la cour :
– l’abandon de l’accusation d’entraînement au terrorisme.
– La reclassification des faits de l’aérodrome et du train, du niveau terroriste à celui de sabotage.
– Le rejet de l’accusation relative à la préparation d’une nouvelle explosion, à cause du manque de preuves.

La défense a aussi argumenté que Sidiki devrait être reconnu comme prisonnier de guerre, en vertu de la Convention de Genève de 1949, qui accorde ce statut aux membres des organisations de résistance opérant en territoire ennemi.

 

La déclaration finale de Sidiki devant la cour

« Je regrette que mes actions aient mis en danger [Alexander] Bogatyrev, [Sergey] Tarabukin et [Dmitry] Unshakov. Ils n’étaient pas mes cibles et je suis heureux qu’aucun préjudice grave ne leur soit arrivé.

Mon objectif était le matériel militaire russe, ainsi que les chaînes logistiques utilisées pour transporter celui-ci et le carburant. Je voulais compliquer les opérations de combat contre l’Ukraine.
Bien sûr, toute explosion ou nouvelle sur des sabotages peut effrayer des gens. Mais c’est le cas aussi pour les survols de missiles et de début d’opérations militaires – ils sont destinés eux aussi à terroriser les populations civiles.

J’ai déclaré à plusieurs reprises que je n’avais pas l’intention d’intimider délibérément qui que ce soit. J’ai moi-même choisi mes cibles. J’ai attaqué la zone de stationnement des avions militaires pour détruire des avions de combat. J’ai fait sauter la ligne ferroviaire pour la mettre hors d’usage, après avoir confirmé que des transports militaires l’utilisaient.
Je me suis assuré qu’aucun train de voyageur.euses ne circulait sur la voie que j’ai sabotée et j’ai maintenu un contact visuel pour confirmer cela. Si je ne me souciais pas de la vie humaine, j’aurais pu faire dérailler un train sans être physiquement présent.

Je n’ai rien à voir avec la tentative supposée de fabriquer un nouvel engin explosif ou de faire sauter un autre train. Après l’explosion du 11 novembre 2023, j’ai su que la sécurité allait être resserrée. De plus, j’avais de nombreux problèmes personnels.
Je n’ai aucune rancune à l’encontre du peuple de Russie. Depuis [20]14, j’ai des désaccords sur ce qui se passe, mais ce n’est pas une raison pour haïr qui que ce soit.
Quand les moyens pacifiques d’influencer les décisions du gouvernement ne sont pas disponibles et la dissidence est criminalisée, certaines personnes émigrent, tandis que d’autres agissent.

Peu importe la gravité du crime, la torture pendant un interrogatoire est inacceptable dans un État de droit. Électrocuter et frapper une personne arrêtée est quelque chose d’abject. La responsabilité incombe non seulement à ceux qui commettent de tels actes, mais aussi à ceux qui savent et ne font rien.

Et, pour finir, je lirai une strophe de Nestor Makhno :
« Même si, maintenant, ils nous enterrent,
Notre vérité ne sera pas balayée.
Elle surgira quand le moment viendra,
Et elle gagnera – je crois en ce jour ! »

 

L’adresse pour lui écrire :
Sidiki Ruslan Kasemovich (né en 1988) [Сидики Руслан Касемович (1988 г. р.)]
SIZO-1 [СИЗО-1]
Pervomaiskii pr-t, 27 [Первомайский пр.-т, 27]
390013, Riazan [г. Рязань] (Russie)

Les lettres peuvent être envoyée via les services F-pismo et PrisonMail.Online (ce deuxième site accepté les cartes de crédit internationales).
Veuillez noter que les lettres doivent être écrites en russe – vous pouvez utiliser des outils de traduction en ligne.

Solidarity Zone collecte des fonds pour Ruslan Sidiki.

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